皮埃尔•路易(Pierre Louÿs,1870—1925),法国19世纪末20世纪初象征主义唯美派作家。集小说家、诗人、编辑、藏书家于一身。与著名文人纪德、王尔德、瓦莱里友情甚笃。1894年,出版散文诗集《比利提斯之歌》,成为其传世名著,在全世界广为流传。后被著名作曲家德彪西谱成多首乐曲。1896年,皮埃尔•路易出版第一部小说《阿芙洛狄特》。这是一本曾创下35万册的销售纪录的畅销书,为其赢得最受欢迎的情色文学作家的声望。它被改编成戏剧、电影,迄今已被翻译成世界多种文字,不断再版,经久不衰。
译者简介:丁世中,毕业于北京大学法语系,外交部资深高级翻译,法语翻译家。
译著有:巴尔扎克《人间喜剧》、马尔罗《人的境遇》、加缪《局外人》、萨特《自由之路》、《阿芙洛狄特》等。
发表于2024-12-26
Aphrodite 2024 pdf epub mobi 电子书
没有一页不谈性,但是感觉很唯美,又有希腊风俗味,没有直叙交合的情节,让人感觉像看了首长诗。借人物的口讲爱情哲学,方式让我想起王尔德。初看是小说,实际上是剧本,故事整体架构也有意模仿古希腊的戏剧。 人名翻译不太像大陆的,注释页码也有问题,也许是因...
评分没有一页不谈性,但是感觉很唯美,又有希腊风俗味,没有直叙交合的情节,让人感觉像看了首长诗。借人物的口讲爱情哲学,方式让我想起王尔德。初看是小说,实际上是剧本,故事整体架构也有意模仿古希腊的戏剧。 人名翻译不太像大陆的,注释页码也有问题,也许是因...
评分男人初见女人时,为女人的美貌所折腰,匍匐祈求女人予所爱。女人见异性为她献殷勤,内心的荣誉即刻得到满足,她就从云端落下来,思虑着他,担忧着他。男人渐渐觉得女人蒙了尘,剥夺他身旁的空气,他的呼吸变得沉重,开始怀疑,开始厌弃。最后,女人终于随清风一散,不复存在,...
评分男人初见女人时,为女人的美貌所折腰,匍匐祈求女人予所爱。女人见异性为她献殷勤,内心的荣誉即刻得到满足,她就从云端落下来,思虑着他,担忧着他。男人渐渐觉得女人蒙了尘,剥夺他身旁的空气,他的呼吸变得沉重,开始怀疑,开始厌弃。最后,女人终于随清风一散,不复存在,...
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PRÉFACE de l'auteur
Les ruines elles-mêmes du monde grec nous enseignent de quelle façon la vie, dans notre monde moderne, pourrait nous être rendue supportable. ——Richard Wagner.
L'érudit Prodicos de Céos, qui florissait vers la fin du Ve siècle avant notre ère, est l'auteur du célèbre apologue que St Basile recommandait aux méditations chrétiennes, Héraclès entre la Vertu et la Volupté. Nous savons qu'Héraclès opta pour la première, ce qui lui permit d'accomplir un certain nombre de grands crimes, contre les Biches, les Amazones, les Pommes d'Or et les Géants.
Si Prodicos s'était borné là, il n'aurait écrit qu'une fable d'un symbolisme assez facile; mais il était bon philosophe, et son recueil de contes, les Heures, divisé en trois parties, présentait les vérités morales sous les divers aspects qu'elles comportent, selon les trois âges de la vie. Aux petits enfants, il se plaisait à proposer en exemple le choix austère d'Héraclès; sans doute aux jeunes gens il contait le choix voluptueux de Pâris; et j'imagine qu'aux hommes mûrs il disait à peu près ceci:
—Odysseus errait un jour à la chasse au pied des montagnes de Delphes, quand il rencontra sur sa route deux vierges qui se tenaient par la main. L'une avait des cheveux de violettes, des yeux transparents et des lèvres graves; elle lui dit: «Je suis Arêtê.» L'autre avait des paupières faibles, des mains délicates et des seins tendres; elle lui dit: «Je suis Tryphê.» Et tous deux reprirent: «Choisis entre nous.» Mais le subtil Odysseus répondit sagement: «Comment choisirais-je? Vous êtes inséparables. Les yeux qui vous ont vues passer l'une sans l'autre n'ont surpris qu'une ombre stérile. De même que la vertu sincère ne se prive pas des joies éternelles que la volupté lui apporte, de même la mollesse irait mal sans une certaine grandeur d'âme. Je vous suivrai toutes deux. Montrez-moi la route.»—Aussitôt qu'il eut achevé, les deux divisions se confondirent, et Odysseus connut qu'il avait parlé à la grande déesse Aphrodite.
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Le personnage féminin qui occupe la première place dans le roman qu'on va feuilleter est une courtisane antique; mais, que le lecteur se rassure: elle ne se convertira pas.
Elle ne sera aimée ni par un saint, ni par un prophète, ni par un dieu. Dans la littérature actuelle, c'est une originalité.
Courtisane, elle le sera avec la franchise, l'ardeur et aussi la fierté de tout être humain qui a vocation et qui tient dans la société une place librement choisie; elle aura l'ambition de s'élever au plus haut point; elle n'imaginera même pas que sa vie ait besoin d'excuse ou de mystère: ceci demande à être expliqué.
Jusqu'à ce jour, les écrivains modernes qui se sont adressés à un public moins prévenu que celui des jeunes filles et des jeunes normaliens ont usé d'un stratagème laborieux dont l'hypocrisie me déplaît: «J'ai peint la volupté telle qu'elle est, disent-ils, afin d'exalter la vertu.» En tête d'un roman dont l'intrigue se déroule à Alexandrie, je me refuse absolument à commettre cet anachronisme.
L'amour, avec toutes ses conséquences, était pour les Grecs le sentiment le plus vertueux et le plus fécond en grandeurs. Ils n'y attachèrent jamais les idées d'impudicité et d'immodestie que la tradition israélite a importées parmi nous avec la doctrine chrétienne. Hérodote (I, 10) nous dit très naturellement: «Chez quelques peuples barbares c'est un opprobre que de paraître nu.» Quand les Grecs ou les Latins voulaient outrager un homme qui fréquentait les filles de joie, ils l'appelaient μοῖχος ou mœchas, ce qui ne signifie pas autre chose qu'adultère. Un homme et une femme qui, sans être engagés d'aucun lien par ailleurs, s'unissaient, fût-ce en public et quelle que fût leur jeunesse, étaient considérés comme ne nuisant à personne et laissés en liberté.
On voit que la vie des anciens ne saurait être jugée d'après les idées morales qui nous viennent aujourd'hui de Genève.
Pour moi, j'ai écrit ce livre avec la simplicité qu'un Athénien aurait mis à la relation des mêmes aventures. Je souhaite qu'on le lise dans le même esprit.
A juger les Grecs anciens d'après les idées actuellement reçues, pas une seule traduction exacte de leurs plus grands écrivains ne pourrait être laissée aux mains d'un collégien de seconde. Si M. Mounet-Sully jouait son rôle d'Œdipe sans coupures, la police ferait suspendre la représentation. Si M. Leconte de Lisle n'avait pas expurgé Théocrite, par prudence, sa version eût été saisie le jour même de la mise en vente. On tient Aristophane pour exceptionnel? mais nous possédons des fragments importants de quatorze cent quarante comédies, dues à cent trente-deux autres poètes grecs dont quelques uns, tels qu'Alexis, Philétaire, Strattis, Euboule, Cratinos nous ont laissé d'admirables vers, et personne n'a encore osé traduire ce recueil impudique et charmant.
On cite toujours, en vue de défendre les mœurs grecques, l'enseignement de quelques philosophes qui blâmaient les plaisirs sexuels. Il y a là une confusion. Ces rares moralistes réprouvaient les excès de tous les sens indistinctement, sans qu'il y eût pour eux de différence entre la débauche du lit et celle de la table. Tel, aujourd'hui, qui commande impunément un dîner de six louis pour lui seul dans un restaurant de Paris eût été jugé par eux aussi coupable, et non pas moins, que tel autre qui donnerait en pleine rue un rendez-vous trop intime et qui pour ce fait serait condamné par les lois en vigueur à un an de prison.—D'ailleurs, ces philosophes austères étaient regardés généralement par la société antique comme des fous malades et dangereux: on les bafouait sur toutes les scènes; on les rouait de coups dans la rue; les tyrans les prenaient pour bouffons de leur cour et les citoyens libres les exilaient quand ils ne les jugeaient pas dignes de subir la peine capitale.
C'est donc par une supercherie consciente et volontaire que les éducateurs modernes, depuis la Renaissance jusqu'à l'heure actuelle, ont représenté la morale antique comme l'inspiratrice de leurs étroites vertus. Si cette morale fut grande, si elle mérite en effet d'être prise pour modèle et d'être obéie, c'est précisément parce que nulle n'a mieux su distinguer le juste de l'injuste selon un critérium de beauté, proclamer le droit qu'a tout homme de rechercher le bonheur individuel dans les limites où il est borné par le droit semblable d'autrui, et déclarer qu'il n'y a sous le soleil rien de plus sacré que l'amour physique, rien de plus beau que le corps humain.
Telle était la morale du peuple qui a bâti l'Acropole, et si j'ajoute qu'elle est restée celle de tous les grands esprits, je ne ferai que constater la valeur d'un lieu commun, tant il est prouvé que les intelligences supérieures d'artistes, d'écrivains, d'hommes de guerre ou d'hommes d'état n'ont jamais tenu pour illicite sa majestueuse tolérance. Aristote débute dans la vie en dissipant son patrimoine avec des femmes de débauche; Sapho donne son nom à un vice spécial; César est le mœchus calvus;—mais on ne voit pas non plus Racine se garder des filles de théâtre, ni Napoléon pratiquer l'abstinence. Les romans de Mirabeau, les vers grecs de Chénier, la correspondance de Diderot et les opuscules de Montesquieu égalent en hardiesse l'œuvre même de Catulle. Et, de tous les auteurs français, le plus austère, le plus saint, le plus laborieux, Buffon, veut-on savoir par quelle maxime il entendait conseiller les intrigues sentimentales: «Amour! pourquoi fais-tu l'état heureux de tous les êtres et le malheur de l'homme?—C'est qu'il n'y a dans cette passion que le physique qui soit bon, et que le moral n'en vaut rien.»
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D'où vient cela? et comment se fait-il qu'à travers le bouleversement des idées antiques la grande sensualité grecque soit restée comme un rayon sur les fronts les plus élevés?
C'est que la sensualité est la condition mystérieuse, mais nécessire et créatrice, du développement intellectuel. Ceux qui n'ont pas senti jusqu'à leur limite, soit pour les aimer, soit pour les maudire, les exigences de la chair, sont par là même incapables de comprendre toute l'étendue des exigences de l'esprit. De même que la beauté de l'âme illumine tout un visage, de même la virilité du corps féconde seule le cerveau. La pire insulte que Delacroix sût adresser à des hommes, celle qu'il jetait indistinctement aux railleurs de Rubens et aux détracteurs d'Ingres, c'était ce mot terrible: eunuques!
Mieux encore: il semble que le génie des peuples, comme celui des individus, soit d'être, avant tout, sensuel. Toutes les villes qui ont régné sur le monde, Babylone, Alexandrie, Athènes, Rome, Venise, Paris, ont été, par une loi générale, d'autant plus licencieuses qu'elles étaient plus puissantes, comme si leur dissolution était nécessaire à leur splendeur. Les cités où le législateur a prétendu implanter une vertu artificielle, étroite et improductive, se sont vues, dès le premier jour, condamnées à la mort totale. Il en fut ainsi de Lacédémone, qui, au milieu du plus prodigieux essor qui ait jamais élevé l'âme humaine, entre Corinthe et Alexandrie, entre Syracuse et Milet, ne nous a laissé ni un poète, ni un peintre, ni un philosophe, ni un historien, ni un savant, à peine le renom populaire d'une sorte de Bobillot qui se fit tuer avec trois cents hommes dans un défilé de montagnes sans même réussir à vaincre. Et c'est pour cela qu'après deux mille années, mesurant le néant de la vertu spartiate, nous pouvons, selon l'exhortation de Renan, «maudire le sol où fut cette maîtresse d'erreurs sombres, et l'insulter parce qu'elle n'est plus».
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Verrons-nous jamais revenir les jours d'Éphèse et de Cyrène? Hélas! le monde moderne succombe sous un envahissement de laideur. Les civilisations remontent vers le nord, entrent dans la brume, dans le froid, dans la boue. Quelle nuit! un peuple vêtu de noir circule dans les rues infectes. À quoi pense-t-il? on ne sait plus; mais nos vingt-cinq ans frissonnent d'être exilés chez des vieillards.
Du moins, qu'il soit permis à ceux qui regretteront pour jamais de n'avoir pas connu cette jeunesse enivrée de la terre, que nous appelons la vie antique, qu'il leur soit permis de revivre, par une illusion féconde, au temps où la nudité humaine, la forme la plus parfaite que nous puissions connaître et même concevoir puisque nous la croyons à l'image de Dieu, pouvait se dévoiler sous les traits d'une courtisane sacrée, devant les vingt mille pèlerins qui couvrirent les plages d'Éleusis; où l'amour le plus sensuel, le divin amour d'où nous sommes nés, était sans souillure, sans honte, sans péché; qu'il leur soit permis d'oublier dix-huit siècles barbares, hypocrites et laids, de remonter de la mare à la source, de revenir pieusement à la beauté originelle, de rebâtir le Grand Temple au son des flûtes enchantées et de consacrer avec enthousiasme aux sanctuaires de la vraie foi leurs cœurs toujours entraînés par l'immortelle Aphrodite.
Pierre Louÿs.
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