Accusé de terribles méfaits, le Monstre croupit en prison dans ce que l’on devine être une ancienne république de l’Union soviétique qui se remet difficilement d’une guerre fratricide. Un autre homme, avocat, québécois, la quarantaine désabusée, père de famille absent et mari distant, décide, pour pimenter un peu son existence, d’aller défendre ce criminel qui refuse, depuis son arrestation, de prononcer le moindre mot. Au cours d’une palpitante enquête qui le mènera dans les plus sombres recoins de l’âme humaine, mais aussi dans ses zones les plus lumineuses, François tentera de saisir l’essence du Monstre. “Vous voulez savoir ses blessures. Pourquoi les gens s’imaginent-ils que les parents connaissent les blessures de leurs enfants ? (…) Viktor, je voulais le préserver du chagrin, si bien qu’à la fin, quand il pleurait, je ne savais pas trop pourquoi. Parfois on devine. Surtout au début. Mais plus le temps passe et plus le chagrin de nos enfants nous devient étranger.” Ce que trouvera François au bout de cette quête jalonnée d’embûches et de formidables histoires, c’est peut-être, surtout, sa propre rédemption. Écrit dans une langue précise et vive, ce roman sans complaisance exhale un souffle puissant qui porte longtemps le lecteur, une fois le livre refermé. --Pascale Millot --